Une décennie de Talent Experience Platforms

Nous l’avons abordé dans une autre publication : avoir des référentiels de compétences à jour et performants a longtemps été un serpent de mer, si bien que beaucoup d’entreprises abandonnèrent au milieu de la démarche : trop compliqués à créer, obsolètes dès leur sortie, pas assez utilisés.
Mais c’est également au milieu des années 2010 que se sont lancé.e.s plusieurs entrepreneur.e.s visionnaires avec en tête l’idée de dépoussiérer la cartographie des compétences.
10 ans plus tard, quel bilan en tirer ? Les consultants RH ont-ils été “substitués” par l’Intelligence Artificielle, ou bien existe-t-il encore un place pour de l’intelligence naturelle labélisée Bio ?
L’ère des pionniers
Nous sommes en 2014. Bénédicte aimerait changer de carrière, et collecte de la donnée sur Linkedin pour voir ce que d’autres avec son profil ont pu faire. Olivier, lui, est passionné par l’économie collaborative et pense que les savoir-faire sont partageables. Loïc enfin, s’étonne dans son cabinet de conseil de l’absence de prise en compte des compétences des consultants au moment du staffing de ceux-ci. Ces trois entrepreneurs ont respectivement fondé Clustree (racheté en 2020 par Cornerstone), eLamp (racheté en 2023 par 360 Learning) et 365 Talents qui continue sa formidable épopée. Cela peut paraître paradoxal en apparence : pourquoi une telle vague de création de startups alors que le sujet des compétences semblait tombé en désuétude ? La réponse tient en une soupe de lettres : ML, GDB, NLP, NLG, LLM.De nombreuses innovations technologiques
ML (Machine Learning), GDB (Graph Database), NLP (Natural Language Processing), NLG (Natural Language Generation) et LLM (Large Language Modeling). Toutes ces technologies liées à la data ou au traitement du texte par des algorithmes ou de l’IA ont cela en commun qu’ils ont soudainement rendu possible quelque chose d’extrêmement fastidieux. En effet, si l’on revient à l’essence du problème des référentiels de compétences, ces startups ont utilisé intelligemment la technologie pour contourner les problèmes inhérents :- “C’est compliqué à créer, à consolider, à maintenir”. Pas étonnant, car c’est du texte. Le mot et l’idée sont parfois différents et induisent une grande variabilité : si je dis “JS” ou “Javascript”, je désigne la même chose avec deux formulations différentes. Or consolider du texte demande un effort conséquent. Automatiser cette tâche présente donc un gain de temps ÉNORME quand la promesse est tenue ;
- “C’est obsolète dès sa sortie”. C’est aussi toute la vertu d’une solution digitale, à savoir sa rémanence et l’historisation qui permettent un suivi dans le temps. De plus, l’automatisation diminue l’effort, donc permet des mises à jour plus régulières ;
- “On ne sait pas à quoi ça sert”. Les cas d’usage ont mis plusieurs années à se préciser, et chaque entreprise sur ce créneau a orienté son produit différemment, mais citons les Talent Marketplaces, le staffing, les annuaires de compétences, les Career Paths… La diversité des usages a conduit par exemple 365Talents à préférer le terme de Talent Experience Platform, pour ne pas enfermer leur produit dans une seule situation.