Episode 3: IA pas péril dans la demeure

Génération IA - par Vincent Barat
Episode 3: IA pas péril dans la demeure
En permettant à nos clients de planifier leurs besoins en effectifs et en compétences, nous sommes également chez Albert aux avant-postes de la transformation des entreprises par l’IA.
C’est un sujet que nous avons déjà abondamment couvert, notamment dans une publication dans le Mag RH dédiée au mythe Prométhéen de l’IA. Face aux innombrables prédictions anxiogènes annonçant la disparition massive d'emplois sous l'effet de l'intelligence artificielle (IA), rappelons-nous que ces prophéties ne sont pas nouvelles. Il y a 10 ans déjà, des études similaires annonçaient une catastrophe de l'emploi causée par la digitalisation. Pourtant, la réalité a montré que ces prévisions étaient largement exagérées : les métiers jugés très à risque n'ont diminué que légèrement, et certains ont même augmenté en volume. Ce business de la peur fait vivre du monde, vous me direz…
La vérité, c’est que personne ne sait. Nos clients, plutôt des grands groupes que l’on ne peut pas accuser de ne pas être prévoyants et proactifs - ils utilisent Albert après tout - testent tous des hypothèses. Mais aucun n’est bardé de certitudes. Et même dans les scale-ups, on peut douter de certaines visions radicales. Klarna a par exemple réduit drastiquement ses effectifs l’été dernier, et a notamment remplacé son support client avec une IA. Les avis sont devenus tellement négatifs qu’ils ont rétropédalé et fini par réembaucher des humains. Selon le CEO, “nothing will be as valuable as people”. No shit, Sherlock…
Sans trahir de secret mais pour rester spécifique, les hypothèses envisagées sont de deux ordres :
- Des gains de productivité, dans tous les métiers où il y a de la “gestion de dossier”. Mais pas de suppressions massives. On parle généralement de gain de l’ordre de 5% à 10% dans les scénarios les plus extrêmes. Dans les environnements réglementés en particulier, les contrôles humains sont encore exigés de toute manière
- Des évolutions de compétences. Tout le monde va devoir “s’y mettre”. On prend le sujet de la digitalisation, et on recommence, ça n’est pas différent. Et ce n’est pas sans danger : comme pour la digitalisation, certaines personnes auront du mal ou refuseront de s’adapter et seront déclassées. Mais à la différence de la vague de digitalisation, un autre danger se présentera - apparemment très accentué dans les classes populaires selon des études récentes : une certaine forme de crédulité et d’absence d’esprit critique, qui amèneront les utilisateurs à prendre pour argent comptant tout ce qui sort de la Gen AI.
A notre micro-échelle de startup, nous constatons la même chose. Pour avoir personnellement développé des prototypes techniques “Proof of Concept”, je peux témoigner que l’on n’est pas prêts de supprimer le rôle de développeur. J’ai pourtant un bagage technique, et même sans avoir été dév’, j’ai des notions de code comme j’ai des notions de Latin : je peux déchiffrer et faire un peu de version, mais je serais incapable d’écrire Oui-Oui à la ferme. Sauf qu’avec 500 000 lignes de code dans Albert, c’est plutôt Guerre et Paix que nos développeurs écrivent chaque jour. Pour tester rapidement une idée, les avancées de l’IA sont donc formidables, mais pour passer à l’échelle, respecter de bonnes pratiques de développement, sécuriser et rendre robuste une application, c’est une autre histoire.
C’est également la même chose pour le contenu marketing. Si l’on peut “stream liner” la production de certains posts ou certains contenus à vocation SEO, on ne peut pas faire l’économie d’une production authentique. L’intégralité de ces publications a d’ailleurs été réalisée sans IA générative, car cette dernière n’arrivera pas à nous imiter, à conserver ce côté incisif que l’on retrouve dans un contenu “bio”.
Enfin, il est frappant de constater qu’il y a encore peu de véritables formations dans les grandes entreprises ou dans le système éducatif associées au déploiement de ces nouvelles technologies. Je ne parle pas ici de discours inspirationnels ou de vague sensibilisation génériques. Mais de véritables cours sur la façon d’apprivoiser et d’utiliser au mieux ces technologies, encore mal vues et prohibées dans beaucoup de contextes. Avoir été un peu “lent à la détente” est malheureusement ce qui a créé notre situation actuelle : le délitement de l’esprit critique en ligne, et l’abrutissement par les réseaux sociaux. Tâchons de faire mieux.
Pour lire ou relire les épisodes précédents de cette série d’articles consacrés à la “Génération IA”, c’est par ici.